Aux premières loges des élections de l'Alaska à Washington, D.C., les Américains tracent un chemin vers une politique nationale des drogues plus saine. La vague conservatrice de 2014 avait un courant progressiste sous-jacent improbable : dans deux États, et dans la capitale, les Américains ont voté de façon probante pour stopper la prohibition du cannabis. Les résultats en Californie étaient encore plus surprenants. Les électeurs ont voté de façon écrasante pour une des réformes du système pénal les plus étendues du pays, éliminant le statut criminel de la possession de drogues dures. Une semaine plus tard, le maire de New York, Bill de Blasio, et la police de New-York ont annoncé la fin des arrestations dues à la possession de cannabis. Tout ceci fait partie de l'étape la plus importante de l'histoire des politiques des drogues depuis que le 21ème amendement a légalisé l'alcool en 1933 : La population de ce pays entraine une suppression dramatique de la guerre contre la drogue.
Le commissaire de la police de la ville de New York, Bill Bratton, et le maire, de Blasio, ont annoncé que la ville va commencer à distribuer des amendes (et des convocations) plutôt que d'arrêter les gens en possession de 25 grammes ou moins de cannabis. Spencer Platt/Getty Les résultats des élections de novembre ont établi la prohibition du cannabis comme une question importante pour les campagnes électorales de 2016. Malgré l'effort contesté des républicains de la chambre de représentants pour conserver la prohibition du cannabis dans la capitale, l'épanouissement de mouvement pour la légalisation du cannabis ouvre la voie à une approche plus rationnelle et humaine du jugement des usagers de drogues dures, à la fois aux niveaux étatiques et fédéral. « On peut maintenant remettre en cause toutes nos lois sur les drogues, » dit Alison Holcomb, qui a mené l'effort de légalisation du cannabis dans l'État du Washington en 2012, et a été considérée pour diriger la nouvelle campagne de l'ACLU contre l'incarcération de masse. Au niveau fédéral, le ministère de la justice continue à fournir ce que Ethan Nadelmann, directeur du Drug Policy Alliance, appelle « une forme d'encadrement discrète » des expériences étatiques de réforme des politiques sur les drogues – en donnant beaucoup de liberté au lois fiscales et régulatrices sur le cannabis, et en déclarant même que les gouvernements tribaux indigènes peuvent également expérimenter avec des lois sur le cannabis, ouvrant la voie à l'usage récréatif dans les réserves, potentiellement dans des douzaines d'États. Le congrès, dans la même législation qui tenta de d'éliminer la légalisation dans la capitale, a établi des protections historiques contre les poursuites fédérales pour les entreprises de cannabis médical légales dans leurs États. Et en novembre, dans une réforme clé du procureur général sortant Eric Holder, l'administration du président Obama a allégé les peines de prison des contrevenants aux lois fédérales sur les drogues. Cette réforme, d'apparence modeste, marque néanmoins un changement frappant d'avec trois décennies de contraintes fédérales toujours plus dures. Pour la première fois depuis que Ronald Reagan est devenu président, la population des prisons fédérales se réduit. « Nous sommes témoins d'un tournant historique, » dit Holder au cours d'un discours cet automne, « dans la façon dont notre pays aborde ces questions. » La trajectoire de la suppression de la guerre contre les drogues par la population est la plus claire en Californie – où, il y a quatre ans, le plus grand obstacle au mouvement pour la légalisation du cannabis a paradoxalement aidé à ouvrir la voie à un des succès les plus révolutionnaires du mouvement contre la guerre des drogues en novembre dernier. Repoussant déjà les limites en 2010, les activistes de Californie ont fait passer une initiative populaire pour la légalisation du cannabis à usage récréatif. À ce moment-là, Holder a prévenu que le ministère de la justice « appliquerait activement » la prohibition fédérale du cannabis en Californie. Désireux d'éviter une crise constitutionnelle autour d'une légalisation complète du cannabis, Arnold Schwarzenegger, alors gouverneur de l'État, a conduit le passage d'une demi-mesure – une loi d'octobre 2010 décriminalisant l'usage du cannabis. Le pari du « gouvernator » marcha. La décriminalisation permit de damer le pion à la campagne de légalisation, qui échoua aux élections. Mais en poussant la législature à agir, les activistes cannabiniques ont indirectement remporté une immense victoire pour la justice criminelle et raciale. La possession de jusqu'à une once de cannabis est devenue une infraction, équivalente à une amende de stationnement, d'une somme maximale de $100. Et la loi californienne s'appliquait aux usagers de tous âges – par seulement ceux de plus de 21 ans. L'impact de cet ajustement a été remarquable : en éliminant les infractions juvéniles mineures liées au cannabis du système de justice pénale, la criminalité juvénile a baissé de 30 percent en Californie – un taux qui n'avait pas été observé depuis l'administration d'Eisenhower. Et la décriminalisation n'a mené à aucun des maux prédits par les prohibitionnistes. Bien au contraire : depuis le passage de la loi en 2010, les taux de décrochage scolaire au lycée et d'overdoses juvéniles liées aux drogues ont baissé de 20 pourcent, selon un nouveau rapport d'étude du Center on Juvenile and Criminal Justice. Les arrestations juvéniles non liées aux drogues en Californie ont en même temps baissé de 23 pourcent – brisant complètement le mythe des drogues d'introduction. La décriminalisation en Californie, conclut le rapport, a réduit les méfaits de la prohibition pour des milliers de jeunes californiens. « Moins de jeunes, » écrivent ses auteurs, « souffrent des dommages et des coûts des arrestations, poursuites, emprisonnements, amendes, pertes d'aides fédérales et autres punitions. » Et peut-être le plus important, les Darren Wilson de Californie ont un prétexte de moins pour nuire aux vies des Michael Brown de l'État.
Les détenus d'une des prisons surpeuplées de Californie, qui ont aidé à faire avancer la réforme des condamnations liées aux drogues. Kevork Djansezian/Getty En novembre – s'appuyant sur le succès de la décriminalisation et les protestations de la population devant la surpopulation criminelle et ruineuse du système carcéral – les électeurs californiens on fait un bond encore plus audacieux avec la Proposition 47, qui a diminué le statut de la possession de drogues dures comme la cocaïne, l'héroïne et la méthamphétamine de délit à celui d'infraction mineure. (La Proposition 47 a aussi retiré le statut de délit aux vols non violents de moins de $950.) En une année d'abstention électorale record, « Prop 47 » est passée à 59 pourcent, grâce en partie à l'aval de certaines personnalités républicaines d'envergure nationale comme Rand Paul et Newt Gingrich. La nouvelle loi devrait affecter 24,000 condamnations liées aux drogues annuellement. Et la diminution des incarcérations économisera, prévoit l'État, « quelques centaines de millions de dollars annuellement. » Innovatrice, « Prop 47 » prend ces économies et les verse dans des programmes communautaires. « C'est la première initiative des électeurs à littéralement sortir de l'argent du budget carcéral pour le mettre dans la prévention et le traitement, » dit Lenore Anderson, directrice exécutive de Californians for Safety and Justice, qui a été le fer de lance de la Proposition 47. La nouvelle loi permet aussi aux condamnés existants de créer des pétitions pour réduire rétroactivement leur peine. Dans le cas de certaines des personnes condamnées dans le cadre des lois « Three Strikes » notoires de Californie, ceci représente la différence entre une condamnation à vie et la liberté. De plus, jusqu'à un million de Californiens auront le droit d'effacer leur casier judiciaire – éliminant ce qu'Anderson appelle une marque d'opprobre – leur ouvrant la porte à une meilleure intégration dans la société, avec moins d'obstacles pour trouver du travail, un appartement, ou s'inscrire à l'assistance publique. « Nous n'empêchons pas seulement la sur-incarcération, » dit Anderson. « Nous allons aussi nettoyer son héritage. » Alors que la Californie change dramatiquement, le gouvernement fédéral agit plus modestement pour limiter une déferlante qui a grossi le chiffre des détenus fédéraux incarcérés pour des crimes liés aux drogues de plus de 2,000 pourcent depuis 1980. En 2013, 100,026 détenus – à peu près la population de la ville de Boulder, au Colorado – dépérissaient dans des prisons fédérales pour des crimes liés aux drogues, représentant la moitié de la population carcérale fédérale. Dans le cadre du droit fédéral, les peines sont attribuées selon une formule complexe dans laquelle une quantité donnée de drogue trafiquée peut être punie à un de 38 niveaux de sévérité croissants. Dans le cadre de réformes des peines qui ont eu lieu en novembre, le ministère de la justice de Holder a diminué ces peines de deux degrés. Quelqu'un condamné pour le trafic de cinq grammes de méthamphétamine, par exemple, sera maintenant condamné au niveau 24 plutôt que 26 – un maximum de 63 mois, plutôt que 78 auparavant – rabaissant la peine d'un an. Le ministère de la justice rend également ces directives de condamnation rétroactives. À partir de novembre 2015, plus de 46,000 détenus fédéraux pourront faire appel pour réduire leurs peines de prison, un bénéficiaire moyen recevant une réduction de deux ans. Il est prévu que ce changement économise plus de $2 milliards aux contribuables. La procédure de conviction fédérale reste draconienne : enfermer une personne dans une cage pendant cinq ans parce qu'il possède cinq grammes d'un produit intoxiquant n'est pas une politique rationnelle. Mais les réformes de Holder signalent peut-être que le raz-de-marée d'incarcérations de la guerre contre les drogues a atteint sa limite. Pour la première fois en 34 ans, la population carcérale fédérale baisse, de 4,800 dans l'année. D'ici à 2016, une baisse de 12,200 est attendue – l'équivalent de plus de six prisons fédérales pleines. Holder, qui quittera son poste au moment de la confirmation de son successeur, voit cela comme un problème d'héritage. « Depuis bien trop longtemps, » a-t-il dit dans un discours en septembre se focalisant sur les méfaits de la guerre contre les drogues, « notre système a perpétué un cycle destructeur de pauvreté, de criminalité et d'emprisonnement qui a enfermé un nombre incalculable de personnes et fragilisé des communautés entières - en particulier des communautés 'de couleur'... Nous engageons une révolution du paradigme. » En effet, le gouvernement fédéral se place dans un espace politique créé par les électeurs, le plus récemment au cours de l'élection de novembre. Les grands réformateurs sur les drogues étaient inquiets à l'idée de parler d'initiatives liées au cannabis au cours des élections de mi-mandat - ayant peur que les électeurs plus jeunes, plus favorables au cannabis restent chez eux, exposant le mouvement opposé à la guerre contre les drogues à un revers ruineux. « L'électorat de mi-mandat en 2014 a représenté une vague d'électeurs anti-progressistes, pro-conservateurs, » dit Holcomb, de l'ACLU. Les électeurs de moins de 30 ans ne représentaient que 12 pourcent de l'électorat national, alors que les électeurs de plus de 60 ans – les seniors sont la seule division démographique s'opposant fortement à la légalisation – en constituait 37 pourcent. Cependant, toutes les mesures de légalisation sont passées, et facilement. Dans l'Alaska conservateur, 53 pourcent ont approuvé le cannabis légal. Dans l'Oregon, le chiffre était de 56 pourcent – 35,000 votes de plus que n'ont tous les représentants élus au niveau de l'État. À Washington, D.C., la légalisation est passé avec 65 pourcent du vote, emportant 142 des secteurs électoraux parmi les 143 de la ville.
Shane Mckee, co-fondateur du dispensaire Shango Premium Cannabis, sort un échantillon de cannabis de leur étalage de fleurs de cannabis dans la ville de Portland, Oregon. Don Ryan/Corbis En substance et dans ses ramifications commerciales, la proposition cannabinique de l'Alaska, « Measure 2, » ressemblait beaucoup à celle du Colorado – cherchant à « réglementer le cannabis comme l'alcool. » Les supporters de la campagne faisaient passer le message que le cannabis est moins dangereux, l'alcoolisme étant un grand problème, très destructeur, en Alaska, en particulier dans les populations indigènes de l'État. « Measure 2 » fit face à une opposition de la part de poids lourds de la politique en Alaska, comme l'ancien sénateur et gouverneur républicain Frank Murkowski. Mais la campagne du « non » a trébuché lorsqu'un porte-parole à avoué au cours d'un débat que le cannabis est, effectivement, moins dangereux que l'alcool - un argument dont le « oui » a profité, mettant partout des autocollants disant que leurs opposants « étaient d'accord ! » sur des panneaux d'affichage disant que le cannabis est moins dangereux que le vin, la bière ou le whisky. À partir de la mi-février, il sera légal pour toute personne de plus de 21 ans de posséder, transporter, ou offrir jusqu'à une once de cannabis en Alaska. « Measure 2 » étend les pouvoirs de la Alcoholic Beverage Control Board à la réglementation du cannabis, de la graine jusqu'aux boutiques, mais la loi donne un long temps d'avance aux autorités de l'État pour octroyer des licences aux magasins cannabiniques, et les ventes commerciales ne devraient pas commencer avant la mi-2016. Le cannabis en Alaska sera taxé au taux de $50 par once pour le commerce de gros, remplissant les caisses du fonds général de l'État. D'ici à ce que le marché s'établisse, l'Alaska s'attend à gagner $24 millions par an de revenus. Dans l'Oregon, la taxation et la réglementation ont été médiatisé en se concentrant plus sur la justice pénale. Ses partisans ont souligné non seulement les ressources gâchées par les arrestations et contraventions données à 12,000 personnes par an pour le cannabis – une condamnation toutes les 39 minutes – mais aussi les inégalités raciales dans un État ou la population 'de couleur' représente moins d'un quart de la population mais a deux fois plus de chances d'être arrêtée à cause du cannabis.
« Il y a beaucoup de bons arguments pour la légalisation [du cannabis], » dit Burnett. « Mais l'argument que le taux d'arrestation est discriminatoire est indéniable. »
La nouvelle loi de l'Oregon est de portée bien plus étendue que celles d'autres États, et Nadelmann l'a applaudie comme étant « la nouvelle référence. » À partir de juillet, les habitants de l'Oregon pourront avoir en leur possession jusqu'à huit onces - c'est à dire une demi-livre - de cannabis. Les Oregoniens peuvent en cultiver chez eux ; la commercialisation sera supervisée par la même agence étatique qui réglemente la vente d'alcool, et les points de vente devraient s'ouvrir en 2016. Pour s'ouvrir aux communautés plus conservatrices de l'est de l'Oregon, la mesure a aussi légalisé le chanvre en tant que culture commerciale. Pour essayer de rester compétitifs avec le marché noir au niveau du prix, la taxation dans l'Oregon sera bien plus basse que dans le Washington, de l'autre coté de la rivière Columbia. Cet État taxe le cannabis à 25 pourcent à trois reprises – en gros, pendant la distribution, et en détail. L'Oregon appliquera une seule taxe de $35 par once, imposée aux producteurs. Quarante pourcent de ce nouveau revenu cannabinique va aux écoles, 25 pourcent à la prévention et le traitement des maltraitances, les derniers 35 pourcent finançant les polices étatiques, locales et des comtés. Les localités peuvent voter l'interdiction du commerce du cannabis, mais cela leur coûtera cette nouvelle source de revenus. Il est attendu que la mesure génère près de $40 millions par an. La campagne de la ville de Washington a eu une approche très différente. Légalement, le processus des initiatives populaires ne pouvait pas y être utilisé pour créer un nouveau régime fiscal. Sans nouveaux revenus, les militants de la capitale se sont presque exclusivement concentrés sur les inégalités raciales de l'activité policière autour du cannabis, avec le slogan « la légalisation empêche la discrimination. » Un rapport de 2013 de l'ACLU a montré que Washington n'était devancé que par l'Iowa en ce qui concerne l'inégalité raciale des activités policières liées au cannabis - les noirs ayant huit fois plus de chances d'être arrêtés à cause du cannabis ; dans cette ville, les noirs représentent la moitié de la population. En mars 2014, le conseil municipal de la ville a répliqué en faisant passer une loi de décriminalisation radicale, rendant jusqu'à une once de cannabis passible d'une amende de seulement $25. Mais il est rapidement apparu que, même ainsi, la discrimination raciale continuait, les habitants noirs représentant presque deux tiers des personnes recevant des contraventions.
Le cannabis médical est dispensé au Takoma Wellness Center à Takoma Park, dans la ville de Washington, le 10 octobre 2014. Evelyn Hockstein/Washington Post/Getty « Il y a beaucoup de bons arguments pour la légalisation, » dit le docteur Malik Burnett, l'un des organisateurs principaux de la campagne pour la légalisation à Washington. « On peut dire que c'est moins dangereux que l'alcool, ou que la réglementation permet d'en protéger les enfants. Mais l'argument que le taux d'arrestation est discriminatoire ? C'est indéniable ! » Il est assez ironique que la plus grande résistance à la légalisation s'est trouvée dans la communauté noire elle-même - ou des éléments conservateurs, les églises en particulier, sont restées circonspectes à l'idée de permettre l'usage du cannabis. Mais en travaillant avec les responsables religieux dans les communautés noires et les groupes communautaires, les militants pour la légalisation on fait passer le soutien dans la communauté noire de 33 pourcent dans les sondages initiaux à 63 pourcent au moment des élections. Le jour des élections, l'argument racial et sur la justice pénale à réuni les différentes communautés. « Noirs et blancs, lorsqu'on demande aux gens pourquoi ils ont voté pour l'initiative, ils disent que l'argument de justice raciale est la raison numéro un pour laquelle ils ont voté pour, » dit Nadelmann. En décembre, les républicains de la chambre des représentants ont essayé d'arrêter la légalisation via le processus de budgétisation, en empêchant le financement pour le district dans le but de 'décréter' une légalisation du cannabis contredisant la loi fédérale. Mais les éléments anti-prohibitionnistes pensent que ce vocabulaire législatif laisse encore une voie à suivre - celle d'une légalisation qu'ils disent déjà décrétée par les électeurs. Le projet de loi budgétaire « n'empêche pas Washington de 'mettre en œuvre' les politiques décrétées sur le cannabis, » dit Eleanor Holmes Norton, la membre du Congrès pour la capitale. Les législateurs de la capitale sont maintenant empêchés de créer de nouvelles lois pour taxer et réglementer le cannabis commercial, comme ils le voulaient. Mais il peut encore devenir légal, dans les mois qui viennent, de marcher dans Pennsylvania Avenue avec deux onces de cannabis dans la poche, ou de faire pousser jusqu'à six plantes dans un appartement à deux pas du bureau du responsable fédéral du programme anti-drogues. Les réformes de la justice pénale menées par les citoyens on déjà un effet en dehors des États où les électeurs ont organisé des votes à ce sujet. Le modèle de décriminalisation de la Californie prend racine dans l'ouest du pays – même dans des bastions républicains. Dans les jours suivant l'élection de novembre, l'Utah a dévoilé une proposition de reclassification de la plupart des délits liés aux drogues en infractions mineures, et des petits dealeurs, en particulier ceux vendant de la drogue pour financer leur propre consommation, en délits moins graves. « Nous ne devenons en rien laxistes face au crime, » dit le membre de l'État de la chambre des représentants Eric Hutchings, un membre républicain de la commission de justice qui a recommandé la réforme. « Nous l'attaquons de façon intelligente. » Et à New York, le maire, de Blasio, a enfin donné suite à sa promesse de campagne de ne plus arrêter les habitants de la ville ayant du cannabis. Mis au pilori pour des statistiques démontrant que les arrestations liées au cannabis ont en fait augmenté au cours de son mandat, de Blasio a annoncé en novembre que la possession de cannabis serait maintenant punie par une convocation au tribunal et d'une amende de $100. C'est une amélioration dramatique dans une ville où 28,000 habitants ont été arrêtés en possession de cannabis l'année dernière – 86 pourcent d'entre eux étant noirs ou 'hispaniques' – coûtant presque $75 millions en fonds publics. Mais les grands réformateurs cannabiniques avertissent que le système de New York est loin d'être réparé. Contrairement à la loi interdisant les récipients d'alcool ouverts en public, une amende reçue pour la possession de cannabis ne peut pas être payée par courrier. Ces infractions exigent une comparution au tribunal – et historiquement, environ 25 pourcent des personnes ne se présentent pas à leur date de comparution, résultant en un mandat d'arrestation. Encore pire, la police ne récolte pas de données raciales lorsqu'elle émet des contraventions, rendant le suivi des inégalités futures encore plus difficile. « Il y a encore un aspect sournois et insidieux à la réforme de de Blasio, » dit Nadelmann. Pour les opposants à la guerre contre les drogues, l'année 2016 est prometteuse. Tout examen rationnel des expériences dans le Washington et le Colorado ne porte qu'à une seule conclusion, dit Holcomb, de l'ACLU : « Le ciel ne nous est pas tombé sur la tête. » Dans le Colorado, le cannabis légal à créé près de $19 millions de revenus fiscaux – et peu d'autres changements discernables. Jeffrey Miron, professeur à Harvard et directeur des études économiques du Cato Institute, a publié un document de travail en octobre qui a révélé qu'aucun des maux que les opposants déclaraient allaient accompagner la légalisation ne se sont matérialisés. Même la consommation de cannabis elle-même a à peine changé au Colorado. En supposant que l'arrivée du cannabis commercial soit aussi banale dans les autres États, 2016, et sont électorat plus jeune, plus progressiste, pourrait amener une vague de victoires pour la légalisation. Le Marijuana Policy Project cible des mesures électorales dans cinq États : la Californie, le Maine, le Massachusetts, l'Arizona et le Nevada. Nadelmann, dont le Drug Policy Alliance fournit des financements et une aide légale pour les initiatives d'État, suggère que même le Missouri pourrait être en considération. « Ce que je dis aux activistes est que s'ils peuvent me montrer 55 pourcent d'électeurs favorables et qu'une partie conséquente de ceux-ci ont un avis prononcé sur ce sujet, » dit-il, « je prendrait n'importe quel État en considération. » La plus grosse histoire de 2016 pourrait être la Californie – où la légalisation totale du cannabis commence à sembler inévitable. Le leadership nouvelle-génération de l'État s'attelle déjà à cette tâche. Le lieutenant-gouverneur Gavin Newsom s'est vivement prononcé – « il est temps de légaliser, il est temps de taxer, il est temps de réglementer le cannabis pour les adultes en Californie, » a-t-il dit – pour en finir avec la guerre contre les drogues, qu'il décrit comme « une guerre contre les gens de couleur, et une guerre contre les pauvres. » Même la procureur général de l'État, Kamala Harris, a reconnue en novembre qu'elle ne s'oppose pas à la légalisation du cannabis et la voit comme « inévitable.»
Kamala Harris Jason Merritt/Getty Un vote positif pour la légalisation en Californie, pensent les militants, pourrait forcer une réappréciation nationale des lois sur le cannabis – et un seuil critique culturel proche de celui que nous avons vu en ce qui concerne l'acceptation du mariage gay. « Lorsque la Californie se prononcera en 2016, ce sera le moment déterminant, » dit Holcomb. « Je ne pense pas que le congrès puisse bouder cette question. » Dans le projet de loi budgétaire de décembre, le congrès a promu une interdiction historique au ministère de la justice d'arrêter des entreprises de cannabis médical reconnues par les États. Des protections similaires, dit Holcomb, pourraient être étendues au cannabis commercial au niveau des États. Le cannabis légal sur la côte ouest, de Calexico à l'île Kodiak, donnerait aussi une couverture au gouvernements d'États sans initiatives électorales populaires - comme au Rhode Island, au Vermont et à Hawaii - pour commencer à faire passer des lois de taxation et de réglementation via le processus législatif normal. La Californie est encore un défi, en partie parce que la quasi-légalité actuelle du cannabis retire l'élément d'urgence à cette question pour certains consommateurs, tandis que le commerce plus important de cannabis médical dans l'État pourrait combattre des réformes qui créerait un afflux de compétition commerciale. Pour les activistes de longue date, le plus grand danger est qu'une impression d'inévitabilité - 75 pourcent des Américains pensent que le cannabis sera légalisé au niveau national - mène à de la complaisance. « Un de mes plus grands défis est d'empêcher toute confiance excessive, » dit Nadelmann. « Ceci n'est pas encore assuré. » Les démocrates feraient bien d'attirer autant d'États que possible à la cause de la légalisation. En novembre dernier, le cannabis a offert un avantage conséquent aux candidats démocrates : dans l'Oregon, les électeurs pro-cannabis étaient trois contre un en faveur du candidat sortant, le sénateur démocrate Jeff Merkley, qui a battu son adversaire républicain – un neurochirurgien pédiatrique charismatique – avec 56 pourcent du vote. Merkley est devenu le premier sénateur à voter, lui-même, pour le cannabis médical, disant aux reporters que sa décision était fondée sur la réforme du système de justice : « nous dépensons beaucoup d'argent sur notre système de justice pénale aux mauvais endroits, » a-t-il dit. En Alaska, l'initiative sur le cannabis a paru donner au sénateur démocrate Mark Begich de bonnes chances dans ce qui aurait autrement été une déroute pour lui. Les votes en faveur du cannabis sont passés à Begich à 71 contre 29. Il n'a pas gagné, mais Begich a gardé une marge suffisante pour que son discours de concession ne vienne que 13 jours avant le vote. Les résultats de cet Alaskain ont été beaucoup plus proches que ceux de candidats au sénat d'États démocrates, comme la Caroline du nord. Si le cannabis avait été un enjeu de campagne en 2014, Kay Hagan serait peut-être encore sénateur aujourd'hui. La question du cannabis pourrait être plus complexe au niveau présidentiel en 2016, où la grande question, selon Holcomb, sera : « Est-ce que les démocrates s'attacheront à la question aussi fortement que Rand Paul ? » Selon les candidats probables de 2016, des deux partis, le sénateur du Kentucky est le plus progressiste sur la question du cannabis. Il a présenté une législation pour rendre le cannabis médical complètement légal dans les États l'ayant adopté. Pendant la dernière élection, Paul a revendiqué le droit des électeurs de la capitale à décider eux-mêmes de la légalisation. Paul a aussi été un défenseur ardent de la décriminalisation, dénonçant les arrestations juvéniles liées au cannabis. « Je veux pas encourager les gens à en prendre, » a-t-il dit. « Je pense que même le cannabis n'est pas une bonne chose. Mais je ne veux pas non plus mettre en prison des gens n'ayant fait qu'une erreur. » Si Paul affrontait Hillary Clinton, le cannabis pourrait devenir une question clivante inattendue pour ce républicain - en particulier dans les États charnière ayant un penchant libertaire, comme l'Arizona et le Nevada, où des initiatives de légalisation sont attendues. Ceci est parce que Clinton continue à s'exprimer comme ceux combattant les drogues dans les années 90, s'inquiétant récemment à propos des dangers du cannabis comestible pour les enfants au Colorado, déclarant même que « les agents fédéraux devraient être réceptifs à la capacité du cannabis à faciliter le passage à d'autres drogues. » La logique politique n'est pas mystérieuse. Les indépendants mâles et blancs - les plus ouverts à la candidature de Paul - sont fermement dans le camp de la légalisation. (Dans l'Oregon, cette section de l'électorat a voté à 65 pourcent pour la taxation et la réglementation.) Les électrices, la base de Clinton, sont généralement plus hésitantes. Un sondage de 2014 de CBS a montré que le soutien pour la légalisation au niveau national avait un fort écart hommes-femmes, avec seulement 46 pourcent disant qu'elles croient au cannabis commercial. Quel que soit l'affrontement présidentiel final, les initiatives pour le cannabis dans les États charnières rendront impossible pour les candidats de 2016 de bouder, ou simplement de rire, de la question du cannabis, comme cela a souvent été fait par le passé, dit Tom Angell, président du groupe de plaidoyer Marijuana Majority. « La route à suivre pour la maison blanche, » dit-il, « passe par les territoires du cannabis légal. » Via : www.rollingstone.com
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