Notre collègue et ami Ras Truth de la Emerald Mountain crew de Mendocino, en Californie, a écrit un magnifique article que nous avons souhaité publier, qui parle de stratégies de sélection et leur effet sur le marché des graines de cannabis : Vous pourrez trouver toutes les génétiques de Emerald Mountain distribuées par HSO en Europe ! Restez attentifs et visitez régulièrement notre site, on balance bientôt le pactole !
La diversité donne du piquant à la vie !
Je m'intéresse à repenser les stratégies de sélection et leur effet sur le marché des graines de cannabis. Je collectionne et sélectionne des graines de cannabis médical en Californie depuis plus de douze ans et cultive de l'herbe dans le Nord-Ouest Pacifique depuis un peu plus de 18 ans. Je serais le premier à vous dire qu'il est difficile de faire mieux qu'un clone vigoureux et en bonne santé. Rien n'est meilleur pour la culture commerciale du cannabis que la productivité d'une variété connue et un bon programme nutritionnel dans le bon substrat et le bon environnement. N'importe qui peut apprendre à faire pousser une ou deux variétés à la perfection, certains peuvent même en faire pousser une dizaine ou plus à la perfection, et pour certaines personnes cela peut être satisfaisant. Mais, et si ça ne l'est pas ? Et si faire pousser le même clone de la même façon et aboutir avec le même produit encore et encore devenait lassant ? Je ne comprends que trop bien qu'une serre après l'autre de Headband et d'OG Kush nous remplit les poches et satisfait le marché avec un produit que le public désire. C'est une bonne chose, mais est-ce que cela fait quoi que ce soit pour améliorer la qualité médicale du cannabis dans l'industrie ? Comprenez-moi bien, avoir un produit de qualité avec des quantités connues de terpènes et de cannabinoïdes est essentiel pour une production commerciale d'un produit médical pour que les patients puissent sentir le même effet à chaque fois qu'ils le consomment, mais que faire si la OG Kush n'est tout simplement pas le meilleur produit pour votre problème médical ? J'ai discuté au cours des ans avec de nombreux autres cultivateurs et producteurs. Quand j'étais plus jeune, tous les vieux cultivateurs faisaient encore pousser les plantes à partir de graines. Chaque année ils produisaient de nouvelles graines à partir du stock de l'année précédente. Le sujet de discussion semblait souvent se centrer sur la sélection et la phytogénétique et non sur la quantité qu'ils récoltaient et les produits chimiques qu'ils utilisaient. Aujourd'hui il semblerait que l'élevage se transforme en un savoir perdu. Même les vieux de la vieille recherchent le clone qui plaira le plus au marché et se demandent quelle 'formule' utiliser pour avoir les meilleurs résultats. En cette période de changement et de marchés fluctuants, je ne reproche à personne d'essayer de rester dans la course, je sais que mon hypothèque n'a pas disparue et que le coût de la vie augmente tous les jours. Les cultivateurs s'attendent à ce que les consommateurs leurs disent ce qu'ils doivent faire pousser. Dans un marché de plus en plus saturé, dans lequel il est de plus en plus difficile de gagner sa vie, la production commerciale semble être devenue de plus en plus importante. Que faire de ceux d'entre nous qui préférons cultiver à partir de graines ? Au cours des dernières saisons, j'ai cultivé toute ma médecine à partir de graines, même en intérieur. Personnellement, je préfère largement les plantes cultivées à partir de graines aux clones. J'aime voir les différences entre chaque plante. Toute l'herbe que je fais pousser est de la plus haute qualité, cultivée biologiquement, et à partir de graines. Le Emerald Triangle a été sujet ces dernières années à une météo fluctuante. J'ai discuté avec plusieurs cultivateurs ayant des problèmes avec les clones dans leurs jardins extérieurs à plein temps. Les pluies de fin de printemps et de début d'été ont provoqué un départ précoce de beaucoup des clones, qui commencent à fleurir alors qu'ils devraient être en pleine croissance végétative. Cela peut prendre des semaines, parfois des mois, pour qu'une plante reprenne sa croissance végétative. Je connais plus d'un collectif de cultivateurs arrachant des clones en fleur pour replanter des pousses provenant de graines ce printemps. Ceci peut fortement affecter les récoltes. Pourquoi ne pas simplement cultiver à partir de graines ? Beaucoup de cultivateurs sont convaincus qu'ils doivent faire pousser certaines variétés particulières, sans quoi leur produit n'aura que peu de valeur sur le marché commercial. Tout le monde veut de l'herbe de marque, et si on ne fait pas pousser une des quelques variétés les plus populaires on peut finir par l'entreposer jusqu'à la fin de l'été ou même le début de l'automne. La vraie question alors est de savoir comment avoir un produit de qualité et fiable à partir de graines, qui satisfait les demandes du marché des consommateurs tout en ayant la vigueur et le rendement d'une plante cultivée à partir de graines ? J'ai lu Marijuana Botany de Robert C. Clark pour la première fois lorsque j'avais quinze ans. Ce livre a changé ma vie et ma façon de voir le cannabis et l'élevage de variétés, un des seuls livres de son genre ayant été publié jusqu'à ce jour ; c'est encore le manuel par excellence de la sélection du cannabis à l'ancienne. L'ancienne école se fait cependant éclipser par une nouvelle école émergente qui domine l'industrie. Où se trouve alors le juste milieu ?? Je dis qu'il existe une voie intermédiaire où l'ancienne école rejoint la nouvelle école et tout cultivateur qui aime vraiment ce qu'il fait y trouvera son créneau dans ce marché en pleine évolution. La première idée que je voudrais présenter est que toute personne cultivant à partir de graines peut produire de nouvelles variétés. La collecte de graines est aussi ancienne que l'agriculture elle-même. Les peuples indigènes du monde entier ont conservé des graines de récolte en récolte depuis que nous avons effectué la transition de chasseurs-cueilleurs en fermiers. La stratégie de Luther Burbank de sélectionner les meilleures graines et de jeter le reste marche en fait plutôt bien pour le cannabis, aussi simple que cela puisse paraître. Ce que j'aimerais donc promouvoir n'est pas ma variété de graines mais que tout le monde devrait faire pousser et récolter autant de graines que possible maintenant, et pas seulement de cannabis. Qui sait ce que nous réserve l'avenir, mais le plus nous nous comportons de façon durable et autonome, le mieux nous nous porterons. La chose la plus importante sur laquelle je puisse insister à propos de la culture et de la collecte de graines est de s'assurer que votre stock est robuste, et que le germoplasme avec lequel vous vous lancez n'a pas été modifié de quelque façon que ce soit qui rendrait la progéniture stérile. Personnellement, j'évite les graines féminisées, en particulier pour la production de nouvelles variétés. Je pense de les graines féminisées peuvent potentiellement modifier de façon irrévocable le patrimoine génétique du cannabis, et de façon négative. Imaginez si toute la descendance des générations suivantes tendait vers l'hermaphrodisme ? Nous ne connaissons pas les effets à long terme de l'usage de produits chimiques pour modifier le sexe des plantes pour créer des graines féminisées sur l'ADN de la plante. Jusqu'à maintenant je n'ai vu que des constats négatifs sur les clones et les graines produits à partir de branches féminisées. Je suis d'avis que les graines féminisées ne sont bonnes que pour une chose, et cela est de cultiver une population de plantes dans le but d'une production commerciale. Je ne les propagerais jamais, même si la possession de deux chromosomes x semblerait empêcher plus facilement l'apparition de caractères récessifs qu'une composition chromosomique xy. C'est ce que j'ai entendu certains cultivateurs de la vieille école appeler le « top crossing », l'usage de pollen hermaphrodite produit par stress d'une plante mère pour polliniser la progéniture de cette mère pour faire ressortir des caractères récessifs dans la prochaine génération. Ces plantes sont ensuite clonées et même utilisés pour poursuivre la sélection, souvent sans défauts dans les générations suivantes. Il est important de noter que le cannabis peut tout aussi bien être dioïque (ayant les organes reproducteurs mâle et femelle dans différentes plantes) que monoïque (ayant à la fois les organes reproducteurs mâle et femelle dans la même plante ; hermaphrodite) on doit faire attention lorsqu'on induit l'hermaphrodisme, ou l'inversion du sexe, de ne pas se retrouver avec des populations entières de plantes hermaphrodites. Disons donc que vous en avez marre de faire pousser des clones. Vous en avez assez de tous les problèmes potentiels, que ce soit les acariens, l'oïdium, la sensibilité photopériodique, une génétique faible ou instable ou un stock mal étiqueté. L'année dernière, un de mes amis a planté tout son jardin avec des clones qu'il pensait être de la Blue Dream et s'est trouvé être de la Chem Dawg. Il recherchait un haut rendement facile à faire pousser et s'est retrouvé avec un rendement faible et difficile à cultiver. Cela va sans dire qu'il était déçu. Pas que la Chem Dawg ne soit pas un très bon produit, mais c'était le premier jardin extérieur de ce cultivateur et ça ne s'est pas passé de la manière qu'il espérait. Alors où commencer ? Où trouver de bonnes vieilles graines mâle / femelle d'une variété prisée et comment savoir que les graines que vous achetez seront un bon point de départ ? C'est une bonne question. Une fois qu'on a trouvé une variété qui nous plait, multiplier les graines n'est pas très compliqué. Ce que je recommande est de rechercher sur internet ou de parler à d'autres cultivateurs ou à des dispensaires pour voir ce qu'ils recommandent. Il existe beaucoup de bonnes et de mauvaises informations, ainsi que de la propagande. Il est parfois difficile de faire la part des choses. Je ferai de mon mieux pour présenter les choses simplement et de ne pas vous égarer. Il y a de nombreux styles de sélection qu'on peut pratiquer, cela n'est pas aussi simple qu'il pourrait paraître. Comme je l'ai dit plus haut, je m'intéresse à repenser les stratégies de phytogénétique et leur effet sur le marché des graines de cannabis. De nombreuses compagnies veulent vous faire croire que la stabilité est la qualité la plus important, que l'uniformité est une nécessité. De nombreux cultivateurs cherchent à créer des lignées pures ou endogames. Je suis d'accord que si vous achetez un paquet de dix graines et que vous vous attendez à une variété particulière, que vous vouliez que les graines expriment les caractéristiques connues de cette variété. Prenons la Northern Lights 5 comme exemple. La NL5 est une variété stable et de race pure et n'a quasiment pas de variations dans sa progéniture, elle a été utilisée comme parent pour beaucoup d'autres variétés. Certains disent que la Headband est un croisement de Northern Lights / Diesel. Nombre de variétés aujourd'hui sur le marché sont poly-hybridées et n'existent qu'en tant que clones. La Sour ou New York Diesel en est un exemple parfait. De nombreux cultivateurs (moi y compris) ont tellement aimé la Diesel qu'ils ont essayé de la recréer en graine. La documentation sur ce sujet veut vous faire croire qu'on peut faire un croisement en « cube », c'est-à-dire croiser n'importe quel clone avec un mâle d'une taxonomie proche et le rétro-croiser avec la mère deux ou trois fois, et que des graines similaires en tout point avec la mère en sortiront. J'ai bien peur que ce ne soit pas aussi simple. Une lignée endogame comme la northern lights, possédant des caractères dominants de race pure, effectuera probablement cette procédure assez facilement, et en 3 ou 4 générations la plupart de sa descendance exprimera tous les caractères de la variété mère. Cependant, une variété fortement récessive et poly-hybride comme la Sour Diesel (13 caractères distincts) a une chance sur 64.000 de retrouver l'alignement d'allèles nécessaire pour exprimer tous les caractères. Si vous avez déjà cultivé une Sour/New York Diesel authentique, et ceux l'ayant fait le savent, elle ne provient que de clones. La question demeure, comment réussir à ce que votre variété clonée favorite pousse à partir d'une graine ? En particulier pour une variété aux caractères fortement récessifs comme la Diesel. La réponse : développer des stratégies menant aux alignements nécessaires pour l'expression des caractères voulus dans les générations suivantes. Dans la vieille école, on commencerait avec deux variétés P1, par exemple une afghane et une thaï pures, et on les croiserait avec un croisement F1 (première génération filiale). On prend les deux meilleurs F1 et on les croise ensemble, ce qui nous donne notre génération F2. On sélectionne nos meilleurs F2 et on les croise ensemble pour faire un F3, F3xF3=F4 et ainsi de suite. C'est ce qu'on appelle communément le « line breeding », et c'est une stratégie typiquement oldschool. La plupart des caractères fixés par le « line breeding » sont dominants et on finit par avoir une lignée pure comme la northern lights. La mentalité oldschool a permis la création d'hybrides stabilisés qui sont devenu des variétés de race pure. Ces variétés de race pure ont fini par souffrir de dépression endogamique, et ils ont donc été croisés avec d'autres hybrides qui ont a leur tour produit des poly-hybrides, des variétés ayant plus d'un ensemble de progéniteurs. Certaines des variétés à quadruple parenté étaient plutôt bonnes, les variétés de skunk originales de « Sam the Skunk Man » et d'autres cultivateurs de l'époque de Rob Clark, étaient conçus à partir de croisements quadruples, comme par exemple Lemon Thai/Afghani x Oaxacan/Nepalese. Leurs noms ont fini par être raccourcis en « 4 way Skunk » ou « Skunk » et les souches primitives se sont mises à disparaître. Ces hybrides quadruples ont été croisés et stabilisés en variétés telles que les Original Haze, Big Bud, Northern Lights 5, Skunk 1, California Orange et d'autres parmi les premières variétés de marque qui apparaissaient au début des années 80 ne comportant pas le nom de leur souche d'origine. En peu de temps, des noms tels que Black Afghani, Panama Red, Columbian Gold, Gurerro Green, Purple Burmese, et High Mountain Michoucan n'étaient plus entendus que dans les histoires des oncles et pères de ma génération, et des marques dont l'origine était inconnue devinrent les nouveaux produits à la mode.
Si vous avez une variété que vous aimez et que vous la cultivez actuellement à partir d'un clone, une chose que vous pouvez faire est de la rechercher sur internet et voir si une banque de graines l'offre sous forme de graine. Faites toujours attention à ce que les graines soient bien mâle / femelle (non-féminisées) et pas stérilisées. Figurez-vous que plus d'une compagnie semble avoir suivi la même voie que Monsanto et vendent des graines qui ont été modifiées pour stériliser le pollen mâle. Remettons les choses au clair, ce genre d'avarice n'a rien à faire dans le monde du cannabis. C'est une chose si un cultivateur ou un éleveur veut protéger son travail et conserver un stock privé hors du marché public, mais délibérément disséminer des graines dans le domaine public qui ont été génétiquement modifiées pour créer une sorte de gêne terminator n'est tout simplement pas acceptable et je ne peux qu'espérer que ces banques de graines seront chassées du marché par d'autres entreprises plus intègres. Toutes les graines que je produis sont cultivées aux normes biodynamiques et écologiques, et toutes les graines proviennent de lignées non-féminisées et non-OGM. J'ai fait très attention à ne me procurer des germoplasmes que de sources réputées pour garantir que je ne me retrouve pas avec des caractères indésirables dans mes lignées dont je ne puisse pas me débarrasser. Mon intention est que ces graines soient cultivées et reproduites par des cultivateurs pendant des générations à venir. Chaque cultivateur y trouvera les caractères qui lui plaisent, et finira par produire un cultivar stable, acclimaté à son microclimat et sa biorégion. Si vous avez une variété qui vous plait et que vous n'arrivez pas à trouver des graines ou vous savez qu'elle n'existe qu'en tant que clone, il vous faudra trouver une stratégie pour cultiver ce clone jusqu'à obtenir des graines exprimant correctement les caractères voulus de la variété, qui vous permettront d'abandonner le clone et de cultiver directement à partir de la graine. Jusqu'à avoir stabilisé la lignée, faites bien attention à garder une mère en bonne santé, et rappelez-vous que, de génération en génération, certains caractères se fixeront et certains caractères seront perdus. Des notes complètes et un bon étiquetage sont les meilleurs amis d'un collectionneur de graines. La première chose à faire est de choisir un mâle. Il est très important de choisir une variété avec une parenté proche, pour que les caractères voulus soient stabilisés. Si vous débutez avec une variété à dominante indica, vous devriez chercher une variété également à dominante indica pour votre mâle. La similarité taxonomique est la chose la plus importante. Le mâle va léguer certains de ses caractères à sa progéniture ; trouver un mâle à ascendance proche, ainsi qu'aux caractères les plus similaires possibles à la mère est donc important. La taille, la forme et l'aspect des dentelures des feuilles sont parmi les meilleurs indicateurs de compatibilité génétique. On m'a appris à compter les dents d'une feuille et d'en comparer le nombre entre les feuilles. Si vous avez trouvé un mâle ayant une taille, une forme, et un nombre de dents par feuille similaires à la mère, ils se croiseront sûrement bien, quoi que soient leurs noms. Une bonne chose à retenir est que tous les hybrides sur le marché aujourd'hui viennent de souches indigènes naturelles, et que ces souches sont toutes apparentées. Lorsqu'on se met à combiner des hybrides entres eux, on peut retrouver des caractères exprimés qui n'étaient pas apparents dans les plantes mères. Il est important de cultiver une petite population de graines pour s'assurer que les parents soient génétiquement compatibles et qu'ils expriment les caractères voulus. Si vous croisez deux variétés et que la plupart des caractères voulus ne sont pas transférés dans la prochaine génération, vous devriez envisager d'utiliser un mâle différent. Si vous avez essayé de croiser plusieurs mâles différents avec un clone femelle et que les caractères voulus de s'expriment toujours pas, il se pourrait que la femelle ait trop de caractères récessifs, naturellement dominés par certaines lignées endogames présentes sur le marché. Il vous faudra parfois croiser votre femelle avec un mâle dissemblable, puis recroiser vers la mère pour faire ressortir les expressions que vous désirez. Une des choses les plus importantes à retenir tout au long de ce processus est que « la diversité donne du piquant à la vie », et que votre objectif ultime dans tout projet de culture ne devrait pas être de recréer une variété déjà existante, mais d'inventer une variété que vous aimez plus que toute autre. Nous avons donc abordé le croisement en « cube » et le « line breeding », les deux étant des stratégies simples à effectuer et qui pourront fixer des caractères dominants, mais toutes deux souffriront de dépression endogamique ; même si toutes les graines poussent de façon équivalente et la variété est véritablement « stable », elle peut ne pas être aussi bonne qu'elle l'a été. Pour certains, l'uniformité est plus importante qu'une qualité impeccable. Certaines personnes veulent que leurs plantes soient toutes pareilles, et ces personnes-là se satisferont d'herbe passable qui se récolte d'un seul coup, à l'odeur, à l'aspect et à l'effet identiques. En dehors de toute opinion personnelle, le marché dicte la nécessité d'un produit uniforme, sans quoi il sera plus difficile à vendre. Nous devons de nouveau considérer notre stratégie de sélection, et le résultat que nous souhaitons ; que voulons-nous accomplir ? Lorsqu'on commence à apercevoir des variations dans une population, que sélectionner ? Souvent, les cultivateurs à orientation commerciale sélectionnent en vue d'une récolte et d'un programme nutritionnel plus importants, une maturité précoce, la résistance à la moisissure, la facilité à tailler, et, croyez-le ou non, certains cultivateurs ont fait leur sélection pour réduire l'odeur ! La dernière chose que je voudrais est de l'herbe qui ne sent pas ; je veux de l'herbe dont l'odeur, même d'une petite tête emballée dans deux sacs différents dans ma poche, inonde toute la salle dès que j'y rentre. Je sélectionne des plantes dont l'herbe sent si fort que lorsqu'on en ouvre un bocal pour rouler un spliff, des personnes surgissent de la chambre d'à côté pour voir ce qui se passe. Un des plus gros problèmes de l'herbe ces 20 dernières années est de penser que « le plus c'est gros, le mieux c'est ». C'est une idée promue par toute l'industrie, et nombre de variétés ont été sélectionnées pour ces qualités commerciales, et leur puissance, leur goût, leur odeur, la diversité de leurs cannabinoïdes et de leurs terpènes se sont dissipés. Je voudrais maintenant complexifier ce bilan, et rajouter quelques concepts qui dépassent les croisements en « cube » et « line breeding » typiques. Je vais décrire la technique et la stratégie que j'utilise pour le projet de sélection de la Royal Kush. Je travaille sur la Royal Kush depuis un peu plus de 5 ans maintenant, et je vais faire de mon mieux pour décrire ce que j'ai fait jusqu'à maintenant et mes objectifs pour la suite. De nombreux cultivateurs ne sont pas prêts à parler de leurs plantes mères ou de leurs techniques. Personnellement, je veux que les autres cultivateurs et producteurs utilisent mes génétiques et mes techniques. Je veux que les gens cultivent et fassent reproduire mes variétés et les propagent dans le monde. Toutes les graines que j'ai distribuées sur le marché sont faites pour être cultivées et croisées. Le plus les gens comprennent les stratégies et les techniques que j'ai utilisées, le plus ils seront capables de me surpasser et de produire un produit supérieur au mien. Espérons qu'ils seront ouverts et honnêtes à propos de ce qu'ils ont fait et comment, et que, en tant que race humaine, nous serons capables de nous surpasser en ce qui concerne les références de l'industrie en termes de bonne herbe. Je suis donc parti d'un clone de Sour Diesel d'une souche réputée. Je recherchais un bon mâle avec lequel la croiser, je voulais quelque chose de précoce, de solide et avec une meilleure structure, mais toujours puissant et bien givré. J'ai demandé autour de moi et j'ai trouvé une lignée de graines appartenant à un cultivateur un peu plus vieux de ma connaissance. Il m'a dit qu'elle s'appelait la Salmon Creek Rock Bud. Je lui ai demandé si elle était de race pure. Il m'a répondu qu'elle était cultivée en tant que race pure dans le Southern Humboldt depuis 1979 et qu'elle était une afghane de montagne pré-soviétique, des plus pures qu'on puisse trouver. Nous avons parlé des caractéristiques de la variété pendant un moment et je lui ai dit qu'elle m'avait l'air d'être exactement ce qu'il me fallait. Il est parti dans sa serre et est ressorti avec une plante dans un pot de 8 litres et m'a dit, « Voilà, c'est le mâle que tu recherches. » Je l'ai remercié et j'ai pris la plante, l'ai mise dans mon camion et je suis rentré chez moi. Le jour d'après, j'ai pris ma meilleure plante de Sour Diesel et le mâle afghan et les ai mises ensemble dans un pot de 75 litres et mon associé et moi les avons mis dans le creux d'un chêne, loin de notre parcelle de sinsemilla et avons laissé la nature faire son travail. Cet automne-là, nous avons séparé la récolte et les graines et en sommes restés là pour la saison. Dès que les graines étaient sèches j'ai lancé ma culture en intérieur et en ai planté quelques centaines. J'étais impatient de voir ce qu'elles exprimeraient, je me demandais si le goût d'essence puissant du Diesel serait transmis dans la génération F1 ou s'il serait dominé par l'afghan fruité et épicé. Presque toutes les graines ont germé (90 pourcent ou plus) et lorsque j'ai sexé les plantes, quand elles faisaient à peu près 2 pieds, je me suis retrouvé avec des mâles et femelles à peu près à parts égales. À ce moment-là j'étais bien plus intéressé par les mâles que les femelles. J'ai mis toutes les femelles dans une salle pour qu'elles fleurissent et j'ai inspecté tous les mâles de fond en comble avec un œil et un nez attentifs. Ce que je recherche dans un mâle est difficile à décrire. Il doit avoir une bonne structure, il doit être vigoureux, il doit avoir une tige résineuse et fortement odorante, il doit avoir des feuilles ressemblant à celles de la mère avec lequel je vais le croiser ou à celles d'autres plantes femelles que j'ai cultivé par le passé qui m'ont plu. Cela ne se résume pas à un détail particulier, je recherche une combinaison de nombreux caractères qui en feront un bon choix. La chose la plus importante pour moi est l'odeur ; elle doit correspondre à la saveur que j'essaie de créer. Dans ce cas-ci j'ai sélectionné 40 mâles de la centaine de spécimens que j'avais. « Pourquoi autant ? » pourriez-vous dire. Disons que mon but n'était pas d'isoler ou de créer une race pure, mais bien plutôt l'inverse, j'essayais de créer autant de phénotypes différents que possible parmi lesquels choisir, j'effectuais ce qui s'appelle une stratégie « crux » ou « shotgun ». J'ai pris 40 mâles Diesel / afghans, ayant tous une odeur puissante proche du diesel, et des caractéristiques ressemblant à celles du Sour Diesel, et les ai mis ensemble dans une salle avec toutes mes variétés clonées favorites à ce moment-là. J'avais la Purple Kush, la Purple Erkle, la Granddady Purps, la Biggest Darkest Purple, la LA Kush (aussi appelée Headband), la Sour Diesel, la SuperDawg (Amhurst Super Skunk/Chem Dawg), et la South Jetty Trainwreck. À cette époque, c'étaient les meilleurs clones, les plus convoités à Humboldt, la mode des OG n'ayant pas encore atteint le triangle, et ces variétés étaient de loin le mieux qui se faisait dans le coin. J'ai donc allumé les lumières (6x600w) et laissé les choses se faire, et quelques mois plus tard je me suis retrouvé avec des graines à ne plus savoir quoi en faire. J'ai donc commencé à les planter, quelques centaines de chaque variété à la fois, et à rechercher les caractères pré-floraux qui me plaisaient. J'ai de l'expérience dans l'agriculture biologique et j'ai lu beaucoup des écrits de Luther Burbank et d'autres phytogénéticiens comme Carol Deppe et John Jeavons, et ce qui ressort pour moi de toute l'information que j'ai accumulé au cours des ans est qu'il est idéal de commencer avec de grandes populations de plantes et de sélectionner les meilleures plants pour vos essais, ceci vous donnant plus de chance de trouver la plante parfaite. Pendant quelques années, plusieurs de mes collègues et moi-même avons donc passé beaucoup de temps à tester différents phénotypes, à la recherche de cette plante parfaite. Imaginez-vous une multitude de salles en enfilade, toutes pleines de plantes différentes. Nous cultivions des croisements Diesel Afghani, Maui Super Dawg et LA Kush x Mazari Sharif/Purple Hawaiian Thai. Pour un bon exemple d'incompatibilité, pas besoin d'aller plus loin que la Kush Mazari ou KMZ ; c'était un désastre. J'ai obtenu les graines de Mazari/Hawaiian d'un cultivateur en extérieur de la vieille école qui m'avait dit qu'elles étaient géniales. Il m'a donné du hasch qui en provenait et il m'avait défoncé. J'ai pris deux taffes du hash de la the Purple Mazari et j'étais fini pendant au moins 24hrs, et j'étais pourtant un gros fumeur à l'époque. J'ai pris les graines et les ai fait pousser. C'était la plante avec la dominante indica la plus prononcée que je n'avais jamais vu. J'ai sélectionné mes deux mâles favoris et les ai croisés avec la LA Kush (Headband) Je ne sais pas ce qui a cloché, quelque chose entre la Purple Thai dans la Mazari et des génétiques latentes de la Thai dans la LA Kush (Headband), mais les plantes ont littéralement pété un câble. Elles fleurissaient pendant quatre semaines sans problème, et tout d'un coup se mettaient à avoir des branches mâles sortant de têtes en pleine croissance. Ni l'une ni l'autre des plantes génitrices n'avaient de tendances à l'hermaphrodisme, mais une fois croisées... c'était moche à voir. Ça nous a pris un mois pour s'assurer d'avoir tué tous les clones et les mères de la notoire KMZ. Après 18 mois, à partir d'une population massive, nous sommes descendus à environ 100 mères et ne faisions plus que des essais avec les phénotypes qui nous plaisaient. Nous aimions beaucoup la DDA (Diesel/Diesel Afi), au goût très proche du Diesel, avec des notes de réglisse, de citron et d'épices. Même avec tant de variantes, aucunes ne retrouvaient toutes les caractéristiques de la Sour Diesel. La KDA (LA Kush/Diesel Afi) avait au moins 7 expressions distinctes qui étaient de premier ordre, une ou deux du plus haut calibre et très productives. Si quelqu'un a encore la KDA#33, j'aimerais bien qu'on me la rende. La MSD (Maui/Super Dawg) avait plein de bonnes expressions mais seulement deux étaient phénoménales, et la PKDA (Purple Kush/Diesel Afi) était très variée, parfois bonne, parfois non. Une d'entre elles était tout simplement incroyable, la PKDA#8. À la fin de la deuxième année il ne nous restait plus que dix mères à partir d'un nombre absurde de plantes que je ne voudrais même pas citer. Notre collectif cultivait entre 10 et 20k en végétatif et 50k en fleur à tout moment, uniquement pour le travail de sélection. Après tout ça, il restait deux clones uniques, différents, et dignes d'être mis sur le marché médical de Californie du Nord, la PKDA#8 et la MSD#12, et elles furent nommées Royal Kush et The Truth. On a commencé à distribuer des clones de la Royal et The Truth à nos membres. Il y avait un mot d'ordre très strict au départ, « que les amis proches ». Je ne voulais pas laisser mes génétiques tomber dans les mains d'un bleu de la nouvelle école. Je ne voulais surtout pas d'un produit sur le marché, portant notre nom, qui n'aurait pas été cultivé avec le même soin que celui que nous lui portions nous-mêmes et sans notre permission. Tout ceux ayant reçu les clones les adoraient tous les deux, c'était super d'avoir de nouvelles saveurs au même niveau que toutes les autres variétés haut-de-gamme. La Royal est encore jusqu'à ce jour la variété favorite de certains des plus gros fumeurs que je connaisse dans la région, et le clone de The Truth est toujours la base de plus d'un jardin médical de la « emerald triangle ». Rétro-croiser The Truth était facile. J'ai fait pousser quelques centaines de graines, sélectionné les trois meilleurs mâles et j'ai rétro croisé avec le clone. J'ai cultivé quelques centaines du rétro-croisement F1 et la première génération avait tous les caractères que je voulais en race pure. J'ai de nouveau sélectionné mes trois mâles favoris et les ai rétro-croisés avec la mère, et, de nouveau, un pourcentage élevé avait tous les caractères que je recherchais. La plante mère était dominante et les mâles semblaient bien fixer les caractères et une simple stratégie en « cube » marchait comme il fallait. J'ai croisé la mère en « cube » deux fois de plus, à chaque fois avec trois mâles, et j'ai ensuite distribué les graines au grand public. Je considère le rétro-croisement F4 comme étant plutôt stable, mais il existe encore assez de variation pour sélectionner des caractères que pourrait vouloir chaque cultivateur individuel. Les caractéristiques de la Maui commençaient à dominer celles de la Super Dawg et il était temps d'arrêter les croisements consanguins et d'hybrider de nouveau. Je l'ai donc croisé avec la Pure Kush, la OG Kush, la Headband, et la Diesel Afghani. Pour l'instant je suis très satisfait du résultat, la Super Dawg dans la Truth a l'air d'être très compatible avec les génétiques de la famille Chem. Créer la Royal n'était pas aussi simple. J'ai pris le clone de PKDA#8 auquel nous avions donné le nom Royal Kush. Je suis allé dans ma banque de graines et j'ai pris quelques centaines de graines de la PKDA F1 originale et les ai plantées, à la recherche de quelques pères potentiels. Il y avait vraiment beaucoup de variation dans la génération F1, certains hybrides pouvant pourtant avoir très peu de variation dans la population F1. J'attribuerais cette variation au fait que c'est un poly-hybride créé à partir d'un poly-hybride. Même si l'afghan des montagnes et la Purple Kush étaient des races pures stables, la Sour Diesel était non seulement poly-hybridée mais certaines hypothèse ont été émises sur le fait qu'il y aurait de la polyploïdie induite dans l'ascendance. Ceci pourrait être une raison pour laquelle elle est si difficile à stabiliser. Un de mes mentors, faisant partie de l'équipe originale de la New York Diesel, pense qu'elle contient plus de séries de chromosomes que la plupart des autres variétés, et que des caractères disparaissent de cette façon, ne pouvant se fixer. Il dit qu'ils se servaient de colchicine sur certains des parents, qu'il dit être la Big Bud, la Northern Lights, et la Skunk. J'ai examiné les phénotypes et ai fini par trouver 7 mâles qu'il me semblait se fixeraient bien. J'ai utilisé sept mâles différents parce que je savais que si je n'en sélectionnais qu'un et que les fixations que je recherchais ne se faisaient pas, que j'aurais alors à recommencer depuis la F1. J'ai fait pousser les sept mâles dans une salle remplie de clones de Royal et j'ai laissé la salle se polliniser librement. Lorsque je sélectionnais les caractères des mâles, les caractères principaux que je recherchais étaient une tige ayant un arôme proche à celui de la mère, une structure similaire de la plante et des feuilles, et de la vigueur. Comme je l'ai dit plus haut, choisir un bon mâle ne dépend pas d'un simple caractère, c'est l'ensemble qui compte. Tout doit me plaire dans une plante, et elle doit me rappeler la mère à tout point de vue, en particulier en ce qui concerne l'odeur de la tige. Lorsque je frotte la tige du mâle et que je la sens, puis que je fais la même chose avec la femelle, je veux que leurs odeurs soient aussi proches de l'identique que possible. La prochaine étape était de cultiver quelques centaines de graines F1 et quelques centaines de F2. Je commence la sélection avant même de voir les premières vraies feuilles ; la dominance Indica de l'afghan des montagnes est prévalente et très différente de celle de la Royal Kush. La Royal se rapproche de la structure des feuilles de la Purple Kush, longues avec des dentelures accentuées. Celles de l'afghan des montagnes ressemblent plus à de la Diesel mais légèrement plus larges, une feuille d'Indica typique. En cultivant la génération F1 de femelles j'ai remarqué que les phénotypes à feuilles larges se rapprochaient du coté épicé de l'afghan, et les feuilles longues et dentelées se rapprochaient de la Kush. La première chose que je fais est d'arracher toutes les plantes que je sais que je ne veux pas. Si elles ressemblent plus à des feuilles de fraisier qu'à des feuilles de ganja, je sais que cela n'est pas ce que je recherche. Je peux éliminer 25-50 % de ma population avant même que les premières vraies feuilles (à cinq folioles) n'émergent. J'ai appris qu'on peut beaucoup savoir sur une plante à partir des premières feuilles émergeant après les cotylédons. On peut compter les dentelures et apprendre à reconnaitre la forme et la structure de la feuille moins d'une semaine après la germination. Beaucoup de ma sélection est effectuée lorsque les plantules sont encore petits et faciles à gérer. Je me débarrasse de tous les germes faibles ou déformés, que je sélectionne de façon assez brutale. Je veux passer d'une population de 500 à une population de 100 ou moins avant que le troisième groupe de vraies feuilles n'apparaisse. À ce moment-là, je veux prendre les 90 plantules les meilleurs, non encore sexés, et je les mets en pot et les laisse pousser. J'atteins généralement des pots de 8 ou 20 litres à ce stade. Je m'assure que toutes les plantes aient un accès égal à la lumière et à l'eau, et qu'elles soient bien espacées. Je veux pouvoir observer l'expression véritable du génotype ; je ne veux pas que l'environnement modifie son expression. Une fois que les plantes atteignent environ deux pieds de hauteur et qu'elles commencent à révéler leur sexe, je commence à séparer les mâles des femelles, et, aussi étrange que cela puisse paraître, je me débarrasse des femelles. Je les mets parfois dans une salle de floraison ou de croisement si elles ont l'air particulièrement prometteuses, mais ce que je recherche vraiment est un groupe de mâles parfaits. A ce stade, j'examine attentivement toutes les expressions taxonomiques et les différentes odeurs des tiges, notant mentalement les différences aromatiques et de structure des feuilles, et leurs correspondances entre elles. Mon objectif est qu'il ne me reste plus que les dix meilleurs mâles d'une population d'environ cinq cent plantes ou plus. Une fois que j'ai trouvé les dix mâles des générations F1 et F2 je retourne à la salle de croisement et je la remplis des mâles sélectionnés et des clones de Royal Kush, les mets en 12/12 et les laisse faire leur travail. Comme mon objectif est de produire un stock de géniteurs et non un stock commercial, je laisse les plantes poilliniser librement pendant plusieurs semaines, et je fais fleurir les plantes mâles et femelles au même moment. Mon plus grand souci est que les « primor meridia » (les premiers pistils émergeant de chaque nœud le long des méristèmes apicaux et latéraux) soient pollinisés par le tout premier pollen à tomber. Ne me demandez pas pourquoi, c'est un secret millénaire qui m'a été transmis par les maitres wu li. Lorsque je veux maximiser la production de graines, je pollinise deux fois, une fois durant la troisième semaine, et un autre durant la sixième semaine de production de fleurs, et je fais fleurir les deux groupes de mâles à peu près cinq ou six semaines avant la pollination, c'est-à-dire trois semaines avant les femelles pour le premier groupe et en même temps que les stock de mères pour le second groupe. Ceci assurera une production maximale de pollen lors de la pollination. Je laisse les mâles murs, couverts de pollen, polliniser librement les femelles aux pistils fluorescents pendant 24 à 48 heures, puis je retire les mâles jusqu'à ce que les premières graines se soient fixées et que la deuxième série de pistils soient fluorescents et prêts à être pollinisés. Je ramène alors le deuxième groupe de mâles au pic de leur production de pollen et les laisse contribuer. Puis la deuxième série de graines murit, pendant à peu près quatre semaines après la seconde pollination, après quoi elles sont prêtes à être récoltées. J'ai maintenant une population de graines comprenant la PKDA#8 (Royal Kush) femelle et des mâles de PKDA F1 et PKDA F2 (Royal Kush/PKDA F1). Pour simplifier tout cela, je vais appeler le clone de la Royal Kush P1, le premier rétro-croisement F1 et les rétro-croisements suivants F2, F3, F4 etc. À chaque fois que je recommence le processus de sélection décrit ci-dessus, j'augmente le nombre de générations comprises dans la population avec laquelle je commence. Je prends 100 graines de F1, 100 graines de F2, 200 graines de F3, 200 graines de F4 etc., je sélectionne mes mâles et les rétro-croise avec la variété clonée P1, dans ce cas-ci la Royal Kush. Je sélectionne pour éliminer tous les caractères indésirables, et avec chaque génération je retrouve un pourcentage plus élevé des caractères voulus. Je trouve encore quelques caractères datant de l'afghan original, et je ne sais pas si j'arriverai un jour à avoir un phénotype totalement pur de Royal Kush. À ce jour, j'ai effectué cette stratégie de rétro-croisement multi-générationnel pendant sept générations (sérieusement, ça m'a pris du temps et de la patience) et j'ai lancé ce que j'ai appelé la Royal Kush 7. Ce n'est pas une lignée endogame pure, cela n'étant pas mon but. De nombreux phénotypes apparaissent qui sont très proches de la mère, même s'ils ne la répliquent pas exactement, une certaine variation existe pour que le cultivateur puisse choisir les caractères qui lui plaisent et continuer à sélectionner selon ses goûts, son environnement et son climat. J'espère voir de nouveaux phénotypes de la population de graines apparaitre bientôt. Même si beaucoup de personnes font encore un travail génial avec le clone original, nous sommes maintenant à cinq ans et qui sait combien de générations de clones de distance de la plante germée de départ. Aussi bien qu'on sache soigner des mères et croiser des clones (j'ai bouturé tellement de clones que j'en ai perdu le compte) la variété finira inéluctablement par perdre de sa vigueur. On peut tenter une thérapie hormonale sur une variété clonée de 20 ans pour la garder en vie, ou on peut faire pousser des graines, les cultiver et trouver la plante parfaite qui vous passionne, vous, le cultivateur. La Royal Kush 7 est un point de départ parfait pour un bon cultivateur, qui pourra pendre des graines et commencer à effectuer des cultures de graines et du « line breeding ». Il devrait être assez facile de prendre un clone et de débuter un croisement en « cube » avec des mâles d'expression similaire, un projet de rétro-croisement multi-générationnel, ou une bonne vieille méthode de croisement de votre meilleur mâle avec votre meilleur femelle. Si vous en avez marre de faire pousser des clones et que vous n'avez pas peur d'y travailler un peu, vous devriez pouvoir stabiliser des graines à partir de ce stock assez rapidement, avec ou sans le clone original. Dès que j'aurais le temps d'y travailler encore un peu je ferai de mon mieux pour distribuer une version plus stable. Mais il est important que les cultivateurs de la vieille école (avec au moins 20 ans d'expérience) retrouvent leurs racines, renouvellent leur patrimoine génétique, et se remettent à cultiver à partir de graines. Les Pure Kush, OG Kush, et Headband semblent tous se croiser plutôt bien avec des variétés pures et stables d'afghan. Alors ressortez vos boitiers de pellicules photo* et remettez un peu du piment du bon vieux skunk dans les variétés de Kush diluées qu'on glorifie aujourd'hui. En conclusion, la Royal Kush est un hybride à dominante indica d'une Purple Kush oldschool pure venant du southern Humboldt, la vraie Sour Diesel, et d'un afghan des montagnes pré-soviétique. Elle a un effet véritablement médicinal, sédatif et profondément méditatif, avec un caractère cérébral et psychédélique. La Royal se débrouille bien en intérieur, en extérieur, en «light dep » et en serre, est résistante à la moisissure et a une saveur terreuse, un fort arôme de Kush avec des notes d'essence, de skunk, et de raisin, remplie de trichomes, de couleur vert clair à vert olive, avec des touches de lavande ou de violet sombre, a une production moyenne, une période de floraison de 63 jours, se récolte en extérieur de début à mi-octobre. Nous nous sommes servis de mâles sélectionnés sur six générations de Royal Kush et les avons rétro-croisés à maintes reprises avec la mère. Nous travaillons dans le but de créer un patrimoine génétique diversifié de la lignée Royal Kush pour en développer le potentiel, plutôt que du « line breeding » qui en fixe les caractères. Nous avons sept générations de croisements en « cube » (croisés avec la mère), chaque génération ayant des mâles de la génération précédente. Par exemple, P1 (la sélection originale) croisée avec F1, puis P1 x F1 et F2, puis P1 x F1, F2 et F3, puis P1 x F1, F2, F3, et F4, et ainsi de suite. Chacun des mâles que nous avons sélectionnés exhibent les caractères que nous voulions faire passer dans la génération suivante. Nous ne recommandons pas l'usage de ces graines à des cultivateurs néophytes. Chez la Emerald Mountain Seed Company, nous avons développé ces graines pour que nos clients puissent faire pousser et produire des plantes médicales d'excellente qualité, dans le but d'isoler des mères originales de haute qualité, ainsi que pour fournir une bonne souche de production en extérieur. Bonne chance et bonne récolte. *(Les boitiers de pellicule sont de petits récipients en plastique faits pour de la pellicule photo, et beaucoup de cultivateurs de la vieille école mettaient leur herbe dedans. La pellicule photo est ce que l'on utilisait dans les caméras avant l'ère digitale). Ras Truth
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